Saga SDA

Grand parleur Nombre de messages : 252 Age : 33 Date d'inscription : 07/10/2007

Chapitre I

L'air chaud remontait des profondeurs des ténèbres. Le souffre, omniprésent dans l'atmosphère étouffait les gobelins qui s'activaient à chasser le peu de créatures encore vivantes dans la mine de la Moria. Sombre, le décor qui s'offrait à eux n'était que mort et désolation. Voilà maintenant des mois qu'un groupe d'individus a pénétré la mine, et mis fin aux jours du Balrog. Tout du moins, c'est ce que tout le monde croyait, comme le raconte Rakir, chef d'une horde de gobelins.

-Le magicien emportait avec lui la créature de feu, et payait par sa vie son audace.

Plus imposant que le reste de ses congénères, Rakir arborait une armure en argent. Son buste, solide, témoignait d'une vigueur qu'aucun autre gobelin de la mine n'égalait. Ses yeux noirs transperçaient tout ce sur quoi ils se posaient. Ses cheveux, aussi gras que sa peau était sale, était d'une noirceur absolue. Certains prétendent que l'âme des gobelins se juge à la teinte de leurs cheveux. Rumeur ancestrale ou réalité, personne ne saurait le dire, ni ne voulait creuser réellement la question.

Autour de lui ses plus fidèles acolytes buvaient ses paroles. Réunis autour d'un âtre qui réchauffait leur corps, le chef des gobelins poursuivit son récit.

-Lorsque nous vîmes cette immonde créature retourner dans les profondeurs abyssales à laquelle elle appartient, notre joie fut totale. Nous pensions désormais pouvoir nous accaparer la mine sans avoir peur d'explorer trop profondément. Les nains décimés, nous étions les seuls en lice.

Il marqua un temps, le reflet du feu s'intensifiant peu à peu dans ses yeux, comme si sa propre rage se consumait à l'intérieur de son cœur.

-Ce soir là le festin que nous préparâmes fut historique. Nous ne nous souciions plus du bruit que nous pouvions faire. Après tout, nous n'étions plus seul. Tout du moins, c'est ce que nous pensions.

Pensif, il serra ses mâchoires et son regard se durcit. Ses compagnons baissèrent la tête, résolus à entendre la fin d'une histoire dont ils connaissaient déjà tous l'issue.

-Oui ce soir là nous les avons vus.

Se plongeant dans ses souvenirs, Rakir ferma les yeux, et se remémora la scène.

Une ivresse sans pareille s'empara peu à peu de chacun des gobelins présents. Le brouhaha qui émanait de la cour principale accentua encore un peu plus la perte des sens de Rakir qui se laissa aller au gré de la fête qui battait son plein. Trinquant à n'en plus pouvoir tenir debout, le guide des gobelins riait à gorge déployée chaque fois qu'un de ses amis lançait un quolibet à l'encontre d'un autre.

Alors qu'il s'apprêtait à remplir une nouvelle fois sa coupe d'un alcool peu enviable, on entendit au loin un déchirement monstrueux, suivi d'un grognement titanesque. L'euphorie laissa place à l'interrogation, et l'interrogation mena rapidement à l'inquiétude.

-Qu'est-ce que c'était ?

Un gobelin, qui semblait être le bras droit de Rakir répondit.

-Nous avons déjà entendu ça...

Le sol tremblait dangereusement, au point que les parois rocheuses de la mine commençaient à se fissurer. Les pointes des stalactites menaçaient de s'effondrer. La panique s'empara de la horde, avant que Rakir n'intervienne.

-Que chacun garde son calme ! Ce n'est pas en paniquant que nous allons survivre. Il faut aller voir ce qu'il se passe

Munis de torches et de leur courage, les gobelins progressaient dans les galeries. Depuis plus d'une heure, il n'y avait plus aucun bruit. Cela n'avait rien de rassurant selon Rakir, qui regardait Kojar son fidèle lieutenant, avec inquiétude.

Des centaines de gobelins étaient déployés dans la mine pour découvrir d'où vint le cri terrible que tout le monde entendit.

Le chef des gobelins sentait que la température ambiante avait légèrement augmenté. Rien de curieux pour une mine entourée de montagnes volcaniques, mais cela le laissa songeur.

"Et si le grognement n'était autre que... Non, ce n'est pas possible"

Sur le point de faire demi-tour, quelque chose d'énorme rugit une nouvelle fois. Cette fois-ci, un pan entier de paroi rocheuse se sépara en deux, et tomba sur les gobelins. Une cinquantaine d'entre eux furent écrasés et moururent sur le coup.

Bien que pris aux tripes après un tel choc, Rakir somma le reste de ses troupes de le suivre, se précipitant vers l'endroit d'où provenaient les terribles grondements. Le temps de pleurer les morts viendrait après, s'il restait des gobelins pour pleurer.

S'engouffrant dans un escalier écharpé, Kojar prenait la tête. Plus fin que Rakir, ce dernier était plus athlétique et agile. Suivi de près par le reste des gobelins, chacun retenait son souffle. Plus ils descendaient, plus la température ambiante augmentait, jusqu'à ce que l'air devienne irrespirable.

Kojar s'arrêta, faisant signe aux troupes de faire de même. Tournant la tête vers Rakir, il fit un signe de tête. Peu importe ce qui se trouvait derrière le mur, c'était bel et bien là. Le guide des gobelins s'adressa à ses hommes.

-Attendez-nous ici, rejoignez nous dans deux minutes.

Les deux gobelins s'aventuraient maintenant seuls, en éclaireurs. Arpentant un dernier couloir, ce que virent les deux compagnons les laissa pantois. Échangeant un regard consterné, les deux gobelins contemplaient l'immonde créature qui se tenait devant eux. La chaleur écrasante brouillait leur vision, mais on pouvait toutefois distinguer un Balrog, plus imposant encore que celui que Gandalf le Gris eût affronté quelques heures plus tôt.

La créature de feu cherchait son congénère dans une frénésie infernale, détruisant peu à peu les galeries de la mine. Les flammes empêchaient les gobelins de tenter quoique ce soit. Kojar lui tira une flèche, qui fondit avant même d'atteindre sa cible. Médusés, les deux gobelins comprirent vite qu'ils faisaient face à une force qui les dépassait.

Lorsque l'on réveille les profondeurs abyssales, il faut être préparé à en subir les conséquences, mais également à y découvrir l'inimaginable. Alors que la scène, déjà apocalyptique ne laissait guère d'espoir pour la horde de gobelins, qui rejoignait bientôt leurs chefs, d'étranges bruits provinrent des abysses.

Le Balrog, jusqu'alors déchaîné se posa. Bientôt, on entendit de lourds pas se rapprocher du Balrog. Rakir et Kojar ne bougeaient plus, comme paralysés par les forces surhumaines qui s'agitaient autour d'eux.

Apparut alors une créature à l'allure féroce, plus énorme encore que le Balrog. Des jets d'éclairs entouraient l'Uriaa, créature légendaire qu'on pensait disparue, et dont la puissance dépassait toute imagination. Il se rapprocha du monstre enflammé, jusqu'à une distance raisonnable. La tension était à son comble.

Les gobelins ne pouvaient qu'observer, impuissants face à un tel affrontement. Bientôt serait scellé le sort de la Moria.

Le Balrog s'élança vers l'Uriaa qui d'une célérité surprenante esquiva le premier coup de fouet asséné par son adversaire. Les rochers explosèrent, la poussière formant un voile qui empêchait les gobelins de voir ce qu'il se passait. Le premier coup de marteau infligé par l'Uriaa fut d'une violence inouïe, et bien qu'ils ne vit pas de ses yeux le choc, Rakir sut que n'importe quel autre être vivant de ce monde serait mort après un tel choc.

Cependant, ce n'étaient pas de simples être vivants qui se battaient, mais deux créatures légendaires. La bataille dura ainsi des heures. Durant chacune d'entre elles, les petites créatures qui observaient le combat savouraient chaque instant.

Alors que le Balrog fatiguait, l'Uriaa profita d'une faille pour déséquilibrer la brute de feu, qui dans un lourd fracas s'écrasa au sol, fissurant la roche. Avant même qu'il n'ait le temps de comprendre ce qu'il se passait, le marteau de la créature de foudre s'abattit sur sa poitrine, qui dans un coup de tonnerre impressionnant implosa. Peu à peu, la chaleur étouffante laissa place à une atmosphère respirable. Le feu incandescent du Balrog s’éteignait peu à peu. Le rouge flamboyant céda sa place à un orange pâle, avant de disparaître totalement, ne laissant derrière lui qu'un corps de cendres.

L'Uriaa se relevait. La poussière incessante du combat retomba, et bientôt, les gobelins furent visibles. Jetant un regard vers ces derniers, il poussa un rugissement rauque et indescriptible. C'était bel et bien la créature la plus puissante et la plus dangereuse de la Moria.

Alors qu'il aurait pu écraser les gobelins aussi facilement qu'on écrase une fourmi, ce dernier retourna dans les abysses sombres où il demeurait.

Rakir et Kojar ne savaient guère quoi dire. Ils rentrèrent à la grande salle où ils habitaient, et contèrent l'histoire à leurs semblables qui avaient entendu le vacarme provoqué par les deux créatures légendaires.

Sortant de ses songes, Rakir terminait son histoire, l'âtre brûlant toujours avec autant d'ardeur. Le feu des gobelins était le seul feu encore présent dans la Moria, maintenant que le Balrog était vaincu.

-Ce jour là, nous avons été épargnés. L'Uriaa, Le Terrible Monstre de Foudre a terrassé son ennemi, et s'en est retourné vivre dans l'ombre.

Bientôt, ce dernier décidera de resurgir. Lorsque cela arrivera, qui sera capable de l'arrêter ? Voilà bien une question dont tous craignent la réponse, car elle est connue de tous : personne, ne pourra l'arrêter.

Grand parleur Nombre de messages : 252 Age : 33 Date d'inscription : 07/10/2007

Chapitre II

Rakir arpentait les galeries, seul comme à son habitude. Vêtu d'une simple laine, il ébauchait avec quelques autres gobelins une carte de la mine. Depuis que ses yeux s'étaient posés sur l'Uriaa, rien n'avait plus de sens. La démesure de sa force obsédait le chef des gobelins, à tel point qu'il n'en dormait plus. La journée, afin de chasser ces pensées intrusives, il s'occupait l'esprit en élaborant une carte à partir des expéditions menées à travers les galeries.

Il savait pertinemment que l'Uriaa referait surface un jour l'autre, et il lui faudrait alors l'affronter. Pour cette raison, Rakir n'avait d'autre option qu'utiliser la mine à l'avantage de son peuple. En effet, ils n'avaient ni la force ni le nombre nécessaire pour affronter la créature de foudre en combat direct. La mine était dangereuse et regorgeait de ressources. De l'or, de l'étain, du fer, du charbon, du cristal. Autant de ressources qui étaient maintenant siennes.

Les créatures vertes s'étaient d'ores et déjà attelées à extraire les minerais de la mine pour les transformer en pierres précieuses, armes, armures, et autres denrées rares. Le but de Rakir était de faire de la mine de la Moria une forteresse imprenable dont la force serait basée sur le commerce, et attirer assez de ses congénères pour prétendre au titre de Roi des gobelins.

Lorsqu'il avait entrepris avec plusieurs autres hordes de gobelins d'attaquer la mine et les nains présents, beaucoup les prirent pour des fous. Aujourd'hui, sa folie était un coup de génie et son influence auprès des autres hordes ne cessait de grandir. Bientôt, d'autres hordes les rejoindraient profitant de l'opportunité pour réclamer leur part du butin. Mais cela ne se passerait pas comme cela. Rakir avait risqué bien trop pour laisser lui échapper l'occasion d'avoir un destin hors du commun.

Ce soir se tiendrait une réunion, pour savoir qui des cinq leaders de hordes prendrait le pouvoir de la légion entière. Nul doute ne subsistait encore quant à la personne qui allait être désignée. Ce n'était qu'une formalité. Rakir le savait d'ailleurs. Il avait chargé Kojar son second de choisir quatre gobelins de confiance pour créer la Main, gouvernement chargé des affaires de guerre, de commerce, de défense, de l'architecture et du génie.

Kojar serait le Pouce, chef de Guerre et chargé de guider l'Index, au commerce, le Majeur, au service de défense, l'Annulaire à l'Architecture, et l'Auriculaire au Génie.

L'anarchie au sein de la race gobeline se terminerait avec sa nomination à la tête de la légion. Lorsqu'il sera Roi, l'apogée des verts commencerait.

Revenu à la salle principale, qui avait déjà commencé à être rénovée et dont les constructions avançaient à une cadence que Rakir n'espérait pas, il trouva Kojar ainsi que quatre individus.

Le premier était Amini. Plutôt bien bâti, il égalait Rakir en taille et son charisme lui plut immédiatement. C'était un homme destiné au service de la défense de la mine.

Le second se nommait Esbor. Plus petit mais trapu, arborait une toge presque propre. Ses yeux s'agitaient en tous sens, à tel point que Rakir sut immédiatement qu'il analysait en moindre détail ce qui se passait autour de lui. nul doute que Kojar l'avait choisi pour s'occuper du Commerce.

Le troisième était d'un calme olympien. Il était grand, plus encore que Rakir, mais très fin. Ce devait être le ministre chargé de l'architecture. Son nom était Fyr.

Enfin, un petit gobelin rondelet répondant au nom de Bylo se tenait debout, des outils accrochés à sa ceinture. Probablement chargé de construire ce que l'arhitecte dessine pensa-t-il./

-Tu as confiance en eux ?

Kojar se tourna vers ses hommes, et répondit :

-Je leur confierais ma vie.

-Bien, allons-y, la réunion ne va pas tarder à débuter.

Lorsqu'ils arrivèrent à La Grande Vallée, l'endroit le plus vaste de la Moria pouvant accueillir plus d'un million de gobelins, les différents représentants des hordes se tenaient déjà là. Rakir savait qu'il aurait besoin des leaders de hordes pour diriger la légion. Pour ce faire, il nommerait généraux les quatre leaders de hordes, sous les ordres de Kojar qui agirait sous sa directive. Ainsi, il s'assurait de pouvoir bénéficier de la pleine puissance militaire des siens.

Sans rien dire, et avant même que chacun ne puisse parler, il s'avança vers un rocher, accompagné de Kojar et de ses ministres. Des dizaines de milliers de gobelins se tenaient droits, fixant avec intérêt leur nouveau chef. Rien n'avait été décidé, mais Rakir était monté naturellement au sommet, si bien que personne ne pensa plus au vote, mais à ce qui allait se passer ensuite.

-Mes amis, beaucoup d'entre nous sont morts au cours de ces derniers mois. J'aimerais dire que nous avons fait ce que nous pouvions pour éviter cela, mais ce n'est pas le cas. Nous sommes faibles !

Il marqua un temps de pause, balayant l'assemblée de ses yeux perçants avant de reprendre :

-Nous sommes faibles. L'anarchie de notre race a conduit à un échec. Notre asservissement à l'Oeil nous a divisés, et aujourd'hui, les hommes règnent en maîtres sur la Terre du Milieu.

Des grognements de frustration parcouraient l'assemblée, chacun s'emballant un peu plus du discours prononcé par Rakir.

-Que sommes-nous devenus sinon des perdants à l'heure actuelle ? Rien. Mais aujourd'hui mes frères, nous avons la mine qui dispose des plus importantes ressources naturelles du continent. Avec votre aval, je mènerai notre race vers la victoire. Avec votre aval, nous deviendrons une puissante nation. Avec votre aval, nous reprendrons la place qui est nôtre dans un monde qui se réjouit bien trop vite de nôtre défaite !

La foule s'embrasa alors d'un engouement jusqu'alors jamais observé pour un leader gobelin.

-Cela prendra du temps. Tapis dans l'ombre, nous construirons notre victoire. Lorsque notre heure viendra, ils comprendront alors quelle erreur ils ont faite de nous sous-estimer. Nous les massacrerons jusqu'au dernier. Êtes-vous avec moi mes frères ?

Dans une ferveur inédite, les gobelins acclamèrent leur nouveau roi. Rakir se retourna vers son nouveau gouvernement.

-Suivez-moi, l'ère du changement est arrivée.