Tome I
Il faisait nuit sur les terres de Polaris. La lune, faible et pâle, reflétait sur les lacs gelés, aux nombreuses stalagmites. L'hiver était rigoureux cette année, et il fut difficile pour les paysans de passer chaque nuit, sans craindre de ne périr à cause du froid, omniprésent en cette saison chaotique pour les moissons. Non loin des champs de culture se dressait un château, pour le moins gargantuesque, où résidaient le monarque et sa cour. Ces derniers y étaient souverains du royaume de Polaris, protégés par l'Ordre de Polaris, composé uniquement de Chevaliers aux pouvoirs magiques. Le plus sage d'entre eux était Thor, un homme très intelligent, dont le seul nom suscitait respect et admiration sur tout le continent. C'était d'ailleurs lui qui présidait les séances de l'ordre, dans une pièce cachée du château, que le roi leur avait octroyé pour plus d'intimité et de sécurité.
Ce soir là, Thor était en armure. Faite d'argent massif, elle recouvrait tout son buste, où s'inscrivait en motif doré, "Polaris", et où trônait juste au dessus, les armoiries de son clan. Les cheveux châtains très court, ses yeux verts fixaient l'assemblée des neuf Chevaliers, tous présents ce soir pour une annonce de premier ordre.
-Bonjour, frères et soeurs. Si j'ai convoqué ce soir une réunion imprévue, c'est pour vous faire part d'un message que le roi lui-même m'a délivré.
Un peu plus vieux que le premier Polarian, Spert était considéré comme le Lieutenant de Thor. Il l'épaulait à tout instant, en tout lieu et en toute heure. Ces deux là ne se quittaient guère souvent. Le corps un peu plus robuste que son ami, il paraissait indestructible, et solide comme la terre. Il intervint à la suite de son compagnon.
-Et quel est ce message ?
-D'après les dernières informations que nous avons recueilli, le Polaria serait caché non loin des terres noires, près des montagnes gelées.
Le Polaria était un objet sacré, dont les plus anciens écrits racontaient la puissance. Ce n'était qu'une légende aux yeux du peuple, mais s'il s'avérait que ce que racontent les légendes soient vraies, les avantages pour quiconque le posséderait seraient astronomiques. C'est pourquoi depuis des millénaires, les plus grands seigneurs le cherchaient, sans toutefois ne l'avoir jamais trouvé.
-Spert, je sais que les ennemis du royaume ont un très bon service d'espionnage, c'est pourquoi je compte sur toi pour aller à Nihifria et me faire un compte rendu de ce qu'ils savent à ce propos, et ce qu'ils trament en ce moment. Cela fait longtemps qu'ils n'ont pas tenté de faire une percée dans notre cité, c'est très étrange.
-Je partirai demain à l'aube.
-Bien. Leafia, quant à toi, je souhaite que tu partes également demain aux aurores contacter nos alliés à travers le monde. Prends des émissaires avec toi, ils te seront sûrement utiles. Les choses vont commencer à prendre une ampleur certaine avec les récentes découvertes des parchemins, cachés dans les tombeaux roayaux des centaines d'années durant. Si nos ennemis apprennent que ces documents susceptibles de renseigner où est le Polaria se trouve être en notre possession, il y a aura forcément des mouvements de troupe, et il ne faut pas que cela tombe en de des mains viles.
-Bien, j'irai.
Leafia était une des deux femmes qui composait l'ordre. Ses cheveux blonds lui arrivaient aux épaules, et laissait place à un corps aux courbes délicieuses, qu'appréciait chacun des autres chevaliers. Ses yeux couleur iceberg bleuté semblaient pouvoir geler les cœurs, s'en emparer, et les briser. C'était également une force de la nature, bien que sa stature n'égalait pas celle des hommes de l'ordre.
-Bien, c'est tout pour ce soir. On se revoit dans quatre jours pour la prochaine séance. Soyez tous vigilants, nous courrons des temps bien incertains.
Acquiesçant les chevaliers se levèrent et sortirent.
****
Le roi était bien pensif sur son trône. La mine fatiguée, il arborait une toge royale, noire, parsemée de bleu et de blanc. Il était le descendant de bien des rois, qui avaient su faire de leur royaume un lieu prospère, et c'était aujourd'hui à lui de poursuivre cette tâche. Malheureusement, la découverte d'un très ancien parchemin engendra un problème de taille, qui devait être protégé. L'armée, commandée par les membres de l'Ordre de Polaris se tenait prête. Composée d'une dizaine de milliers de soldats, tous formés dès la naissance, elle était réputée pour être une des mieux entraînées au monde.
Un jeune homme aux traits fin entra dans la pièce. Il n'avait guère plus de dix huit printemps, et il revêtait déjà l'amure des chevaliers. Récemment adoubé par le roi, ce dernier se tenait à présent devant lui. Cet homme, c'était son fils. La mine préoccupée, il s'avança vers son père.
-Qu'y-a-t-il mon fils ?
-Eh bien je me pose bon nombre de questions, sans toutefois en trouver les réponses.
-Ah, tu deviens un homme à présent. Tu sais, il y a des questions qui n'ont pas de réponses prédéfinies, et qui pour chaque être diffère.
-C'est à dire ?
-Eh bien, selon notre responsabilité, les priorités peuvent changer. Par exemple, en tant que père, mon seul souci c'est de te savoir en bonne santé, et en tant que roi, c'est d'assurer la pérennité de notre peuple, c'est cette nuance que tu dois cerner en tant que Chevalier de l'ordre.
-C'est toujours un soulagement de parler avec vous.
-Il viendra un temps où ce sera à toi de prodiguer des conseils à ton jeune fils, j'espère pouvoir vivre assez pour pouvoir en être témoin. Maintenant va dormir Gemini, tu auras besoin de sommeil dans les semaines à venir.
-Oui, bonne nuit.
La nuit fut fraîche, encore et toujours. Spert dormait à poings fermés, la main sur le pommeau de son épée, dont il ne se séparait jamais. La nuit fut agitée pour lui. Sa mère lorsqu'elle était en vie, prédisait l'avenir aux familles royales. Son pouvoir de prédiction n'était pas aussi puissant que celui de sa défunte mère, mais parfois, lorsque cela se devait, le chevalier avait des visions d'un avenir assez proche. Il ne voyait le destin qu'en bribes floues, mais parfois, cela suffisait. Cette fois-là, il voyait à travers les yeux d'une jeune femme, qui paraissait pétrifiée. Elle se réveillait, entendant des hurlements, et des craquements infernaux. Dans un élan d'horreur, elle se levait, et courut jusqu'à la porte d'entrée de sa maison, qu'elle ouvrit à la hâte. Les villageois courraient dans tous les sens, les maisons brûlaient dans des grésillements terribles, tandis que des soldats vêtus de noir pourchassaient les pauvres habitants du village, qui tentaient de s'enfuir. La femme n'arrivait pas à bouger, devant cet horrible spectacle.
Sujet: L'Ordre de Polaris. 
Mar 3 Aoû - 18:09